DÉMARCHE

«?…je suis pris dans un miroir qui se déplace et qui me capte partout où il y a une structure duelle?».
Fragment d’un discours amoureux, (Rolland Barthes)

 

Depuis plus de vingt-cinq ans ma recherche se consacre à l’installation. En sculpture,
je privilégie le traitement de l’acier et de la photographie qui sont les médiums nourrissant mon travail de création.
J’inscris ce travail au sein d’une constante recherche identitaire.
J’interroge sans cesse les rapports fondamentaux entre l’être et le paraî(ê)tre, la nature et la culture.
Telle est ma quête. Certains artéfacts choisis s’insèrent dans ce processus.

Une archéologie de la mémoire s’aditionne à une archéologie du lieu afin de saisir le contexte du projet.
Au temps présent, un geste fort s’impose. Ce geste sera la résultante d’un métissage de la langue
et de l’être humain à travers le temps et l’espace, la culture et la nature.

 

« …Comme si morceaux de nature et reliquats de culture participaient d’une même économie mémorielle.
Comme si aussi entre l’homme et la nature, il n’y avait pas rupture mais continuité, passage, possibilité de métissage et métamorphose. »
Catalogue d’exposition?: Lorraine Fontaine / Jacqueline Salmon, Centre culturel canadien de Paris, France.
(Dominique Baqué)

 

Ce travail mnémonique impose au regard le cours des choses, le temps, l’espace, il sonde les premières raisons d’être,
leur situation et ensuite les investit d’un nouvel état évocateur, engageant inévitablement à la fois le corps et l’esprit.
J’expérimente au présent en conservant la trace, le témoignage d’une mémoire collective pour participer à la continuité.
Passage et métamorphose, deux mots significatifs qui sous-tendent mon processus de réflexion.
Mon regard est attiré par le fouillis des choses proches. Recueillir, collecter, déposer, sont des gestes qui viennent coder ma démarche artistique.
Décrypter la trace, remonter le temps.

 

« …Percer l’opacité du temps à atteindre le seuil de la mémoire, aller au-delà de cette première enfilade
de «?portes?» construites à partir de témoins récupérés d’une culture industrielle encore récente mais déjà
chargée de sens puisque marquée par l’œuvre de l’Homme moderne, tel est le premier élan intuitif de celui
qui cherche à se re-connaître. D’abord lire les éléments un à un, les saisir dans leur entité première,
accepter leur évidente fonctionnalité désuète pour mieux les insérer dans le corps architectural réinventé.?»
Catalogue d’exposition?: Lorraine Fontaine / Ô Narcisse, ma sœur… Musée des beaux-arts du Québec.
(Michel Martin, conservateur de l’art contemporain)

 

Ma démarche demeure la même pour toute intervention, je dessine des formes géométriques et sculpturales,
je les mets en perspective, à la façon d’une scénographe. Mise en scène de l’installation pour mieux habiter le lieu, pour mieux l’animer.
L’installation comme prise en forme du territoire, comme structure narrative, comme point de rencontre avec le spectateur,
l’invitant à emprunter les chemins secrets de la mémoire individuelle et collective.
Science des choses anciennes, commémoration, vision d’une activité débordante qui va dans tous les sens et dans toutes les directions;
multiplier, engendrer, croître, imbriquer dans le temps un ensemble d’unités.
La puissance du geste crée le sens et la pérennité de l’œuvre.

«?…Ce sont les artistes qui fixent la présence des beautés de ce monde.?»
(Félix Leclerc)