Née à Saint- Hyacinthe, Lorraine Fontaine vit et travaille à Montréal. Tôt dans sa jeunesse, elle perçut le monde à travers un prisme, celui de l’art. La musique de Ravel, Philip Glass et de Murray Schafer l’accompagna tout au long de sa quête. À la lecture du livre de Marie-Claire Blais, Tête blanche, son engagement en création visuelle se confirma, ce fut une réelle révélation. Cet étrange personnage, au moins aussi insolite que l’écrivaine qui lui donna vie bouleversa Lorraine Fontaine suffisamment pour que la perception qu’elle se faisait du monde se nuance et se colore au gré de son propre travail en création.
L’artiste
Lorraine Fontaine détient une maîtrise en arts plastiques de l’Université du Québec à Montréal, elle a présenté en 1997 une installation sous le titre Homme-arbre-eau,mémoire de l’île, au Centre culturel canadien à Paris, au Centre d’art contemporain de Basse-Normandie et à l’Artothèque d’Annecy en France. En 1995, le Centre Expression de Saint-Hyacinthe recevait son travail, intitulée Nature comme sublime, faire le vent.
Sculpteure, photographe, artiste de l’installation, Lorraine Fontaine aborde aussi la conception d’environnement paysagers-jardins, parcs touristiques, sculptures intégrées-, et l’aménagement de sites publics. Elle réalise notamment, en 1999, une fontaine-sculpture extérieure pour le siège social de Camille Fontaine et fils inc.; en 1998, elle conçoit un triptyque sculptural commémoratifs, Hommes en marche, rappelant le 250e anniversaire de la ville de Saint-Hyacinthe, puis sa sculpture Banc-tombeau est installée dans les jardins du Musée des beaux-arts de Valence, France. En 1997, elle participe sur invitation au concours d’une sculpture/installation pour le Centre hospitalier Georges Pompidou à Paris. Sur invitation de Daniel Arasse, Lorraine Fontaine participe au dossier sur le mythe de Narcisse pour la revue Albertiana (franco-italien), numéro 2000, projet d’artiste, visuel et littéraire, avec mise en rapport du mythe avec la pensée d’Alberti. En 2000-2001, le Musée des beaux-arts du Québec l’invite à investir la salle no 1, du Musée avec son installation Ô Narcisse, ma sœur…Elle participe à l’événement Québec-New York 2001, au Paramount Hotel. Son installation, La chambre d’Écho met son travail en parallèle avec celui de Philippe Stark.
En 2003-2005, elle crée un environnement, formes/couleurs et intégration de trente-quatre œuvres sculpturales, picturales et photographiques dans les aires de travail de la compagnie en fibre optique Phasoptx de Montréal. Grâce à l’obtention d’une bourse A, du Conseil des Arts du Canada, Lorraine Fontaine a pu se rendre sur le site archéologique de Delos en Grèce où elle fit une étude approfondit sur la mythologie.Suite, à cette étude , elle réalisa les sculptures de la Série Delos. Dans le cadre de l’intégration des arts à l’environnement, Lorraine Fontaine, installa en 2009, dans les jardins du parc La Haye à Montréal, une sculpture, Convoi III, de la Série Delos. Cette œuvre réalisée en acier Corten, anime le lieu avec sa forme simple en escalier. La sculpture sert de trait d’union entre ces bâtiments, l’église Enfant-Jésus et la Caserne des pompiers de l’intersection de la rue Laurier et du boulevard Saint-Laurent. Au centre de la cité en plein coeur du Plateau Mont-Royal et du Mile-End, cette sculpture joue un rôle rassembleur autour du va et vient des citoyens.
Catalogues d’expositions
Dans le catalogue de l’exposition du Centre culturel canadien à Paris, les commissaires définissent la recherche de Lorraine Fontaine en des termes éclairants : « L’errance de Lorraine Fontaine est marquée par la conscience que le corps impose au regard et qui le détourne sans cesse de l’horizon et du lointain pour l’attirer dans le fouillis des choses proches ». (Chatherine Bédard)
« Austère et cependant généreuse, tout à la fois, sensuelle et violente, l’œuvre de Lorraine Fontaine déploie une réflexion sur les paradoxes de la vie et de la mort, du plein et du vide, de la présence et de l’absence. Sur l’expérience mémorielle, enfin ». (Dominique Baqué)
Dans le catalogue d’exposition du Musée des beaux-arts du Québec, Michel Martin s’exprime ainsi, au sujet du travail de Lorraine Fontaine « Passage métamorphose, deux mots significatifs qui sous-tendent le processus de réflexion de Lorraine Fontaine; déjouer la mort, expérimenter la re-naissance en étalant, par de nouveaux codes visuels le non-dit des êtres et des choses… Ces objets, ces images se métamorphosent ainsi en autant de symboles d’espaces mythiques, de signaux poétiques ouvrant la voie au champ (chant) onirique, où, le plus souvent, la vie et la mort définissent conséquemment un rituel de passage tautologique ».
Dans le catalogue d’exposition du Centre Expression de Saint-Hyacinthe, Zéo Zigzags tient ces propos, « Mise en image, en scène, en photographie, en sculpture en installation, mise en exposition, en parcours, tel pourrait se résumer, si on met pour un instant en exergue l’intervention de l’artiste sur l’arbre photographié, le fil conducteur des autres gestes, à travers lesquels l’artiste articule l’acte créateur,dans un souci constant des matériaux et de leur traitement réactualisant la minutie et la patience des artisans d’autrefois »
Le sentier de pierre
« Il ne sait s’il a véritablement trouvé en ce jour un tournant de sa vie, ou si la tentation du sublime aura eu raison de lui.
« Qui donc me dit que le rocher inerte et brut
N’est pas la véritable conscience –
L’extase sans fin d’une intelligence
Qui laisse être rocher son corps figé.
Seule la mort le dit-
Mais qui me dit qu’elle le dit ? »
« Pour dissiper ce doute, Pétrarque doit se résoudre à considérer que le monde tout entier sert pour leçon qu’il n’est qu’un théâtre dans l’âme ». (Michaël Lachance, Fernando Pessoa)